jeudi 22 septembre 2016

Degas et les "impudents farceurs"

S’il fut considéré comme un des chefs de file du mouvement impressionniste, lui ne pensait peut-être pas la même chose...
Devant les Nymphéas de Monet, Degas lance, provocateur, qu’ « il n’éprouve pas le besoin de perdre connaissance devant un étang. » Il ne peint pas la nature, ou très peu, et encore moins en plein air ! Il préfère l’atelier où il se confronte, jeune peintre, aux classiques – en particulier Ingres qu’il admire – puis s’épanouit dans les portraits et les scènes de genre, ce qui l’autorise – pense-t-il - à railler ses amis impressionnistes, ces « impudents farceurs », aux côtés desquels il expose pourtant de 1874 à 1886. Mais, est-il vraiment impressionniste ? On préfère parler de « novateur ». Car Degas adopte un regard moderne, explorant les possibilités de la photographie qu’il traduit en peinture par des cadrages inédits et des recherches sur le mouvement dont témoignent ses peintures (et sculptures) de ballets à l’opéra et de courses de chevaux. C’est un instantané reproduit sur la toile, souvent accentué par l’effet vibrant du pastel. Des scènes prises sur le vif, des moments volés, comme cette femme peinte de dos dans La visite au musée ou ce petit rat de l’opéra qui ajuste sa ballerine. Un bureau de coton à la Nouvelle Orléans de 1873 est magnifique de précision tandis que les Danseuses au repos, vingt ans plus tard, sont exubérantes de couleur. Le peintre ne s’est probablement jamais pensé impressionniste, ce qui ne l’empêcha pas d’avouer à Monet, abandonnant sa vantardise : « Vos tableaux m’ont donné le vertige ». 

 Un bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, huile sur toile, 1873, musée de Pau

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